HYPNOSÉDATION : UNE NOUVELLE TECHNIQUE ANESTHÉSIQUE/ 17permettre au sujet en hypnose de vivre un autrerapport à lui-même et à son environnement,avec en plus une modification subjective dela perception du temps. Ainsi le sujet en hyp-nose devient encore plus sensible aux sugges-tions. La capacité de se mettre en hypnose estinnée, cependant l’aptitude à l’utiliser varied’un individu à un autre : ainsi il existe des«virtuoses de l’hypnose» et des «apprentis».QUEL EST L’INTÉRÊT D’INTRODUIREUNE NOUVELLE TECHNIQUEANESTHÉSIQUE : L’HYPNOSÉDATION ?La philosophie dans laquelle s’inscrit ledéveloppement d’une nouvelle techniqued’anesthésie est celle de réduire la morbiditépériopératoire, la durée d’hospitalisation et,par voie de conséquence, les coûts des soinsde santé. La technique anesthésique «hypnosé-dation » combine la technique de sédation in-traveineuse consciente à celle de l’hypnose,et la chirurgie est réalisée sous anesthésielocale, infiltrée dans le champ opératoire.Elaborée et introduite en 1992 par notre équipe,d’abord dans le secteur de chirurgie plastique,elle s’est ensuite généralisée vers d’autressecteurs chirurgicaux : chirurgie endocrine,chirurgie abdominale, également en ORL,ophtalmologie, gynécologie et urologie pourcertains types de chirurgie. En 2006, plus de5 350 patients ont bénéficié de cette techniqueanesthésique. Les techniques anesthésiquesMARIE-ELISABETH FAYMONVILLE Professeur agrégé, département d’Anesthésie-Ré-animation, CHU de Liège, Belgique. Membre dela Société belge d'anesthésie et de réanimation(SBAR), de la « Belgian Pain Society » (BPS), dela « European Society for Anaesthesiologists »(ESA), de la « European Association for Pallia-tive Care » (EAPC), de l’« International Associa-tion for the Study of Pain » (IASP). Membre dela Confédération francophone d’Hypnose et deThérapie brève. Formateur “Cycle d’initiation àl’utilisation de l’hypnose et des techniques decommunication spécifiques dans la prise en chargede la douleur aiguë et chronique”. Conférencièreinternationale. Auteur et coauteur de plus de 150publications internationales et chapitres de li-vres concernant : les marqueurs de l’inflamma-tion chez les polytraumatisés ; les brûlés aprèscirculation extracorporelle ; une nouvelle tech-nique d’anesthésie : l’hypnosédation ; l’utilisa-tion des techniques hypnotiques dans la prise encharge des douleurs aiguës et chroniques ; les mé-canismes neurophysiologi-ques des états de consciencemodifiés : hypnose, locked-in syndrome, conscience mi-nimale, état végétatif et coma.Marie-Elisabeth Faymonville16 /HYPNOSE& THÉRAPIES BRÈVESHYPNOSÉDATION : UNENOUVELLE TECHNIQUEANESTHÉSIQUEMurielle KIRSCH, Jean JORIS, Marie-Elisabeth FAYMONVILLEDépartement d'Anesthésie-Réanimation, CHU de Liège, Domaine du Sart-Tilman B 35, 4000 Liège, BelgiqueLES QUESTIONS QUE POSENT LES PATIENTS À LEUR MÉDECINLe magnétisme, l’hypnotisme,l’hypnose, quel que soit lenom qu’on lui donne, estutilisé depuis des sièclespour soulager l’homme. Le pouvoir analgésique del’hypnose a permis sonutilisation en chirurgie avantle développement del’anesthésie chimique en 1846.(hypnotiseur) sur un autre. Ensuite, pendantlongtemps l’absence de critères indépendantsattestant de la réalité d’un état hypnotique nui-sait à la médicalisation de l’hypnose.DÉFINITION DU PROCESSUS HYPNOTIQUEMême si étymologiquement l’hypnosedérive du mot grec « upnoz » = « sommeil »,depuis 1949, il est prouvé par des enregis-trements électro-encéphalographiques quel’hypnose n’est pas un état de sommeil. On peutdécrire l’hypnose comme un fonctionnementcérébral particulier qui s’installe lors d’unerelation hypnotique, lorsqu’un sujet répondaux suggestions qui lui sont faites par une autrepersonne (hypnotiseur ou accompagnateur).Ces suggestions obéissent à des règles parti-culières de sémantique et d’intonation de lavoix (techniques hypnotiques d’induction),elles produisent chez le sujet, qui collabore,un fonctionnement cérébral particulier qui vaSon extension à la chirurgie est restée alorslimitée à des applications anecdotiques en pé-riode peropératoire et occasionnelle commetechnique per ou postopératoire(1 - 3). Plusieurséléments expliquent cette réticence. Toutd’abord, la représentation sociale de l’hypnosereste piégée par l’idée de « pouvoir » d’un sujet
Jeu 30 Nov - 16:12